Est-il un adversaire sérieux?

Depuis sa déclaration au cours de laquelle il dénonçait certaines pratiques du régime d'Ali Bongo Ondimba, d'aucuns s'interrogent sur les réelles ambitions politiques de Jean Ping, ancien Ministre d'Etat sous Omar Bongo Ondimba et ancien Président de l'Union Africaine. Au menu des discussions, les possibilités dont dispose ce multiple "ancien de..." pour faire face à la machine d'Ali Bongo Ondimba. Il est vrai qu'il n'a pas encore déclaré sa candidature à l'élection présidentielle de 2016 qui pointe à l'horizon, mais on peut déjà spéculer sur les éventuels avantages du potentiel candidat certainement indépendant.

La première force de Jean PING pourrait être sur le plan international. Après plusieurs années en qualité de Ministre des Affaires Etragères et à la tête de l'Union Africaine, il dispose d'un carnet d'adresse assez important et très certainement des contacts sûrs qui peuvent lui permettre d'obtenir les faveurs et le soutien des hautes personalités et des institutions internationales.

La possibilité qu'il ait le soutien de tous les caciques qui ont été pas valsés, mais mis de côté par le Président actuel n'est pas à exclure. Le silence de ces derniers n'est pas aussi à négliger. Ils sont tellement calmes qu'il n'y a que deux raisons pour expliquer cette accalmie: soit ils sont vraiment résolus que leur temps est révolu et qu'il faut qu'ils cèdent la place aux nouvelles générations, soit ils préparent quelque chose en douce.

La deuxième hypothèse me paraît plus plausible, quand on sait que beaucoup d'entre eux sont partis de leurs postes mécontents et qu'ils n'arrêtent pas, à chaque fois qu'ils en ont l'occasion, de tirer les ficelles. Même s'ils n'ont jamais déclaré leurs démissions, mais leur mise à l'écart dans la gestion des affaires courantes du PDG traduit leur mécontentement.

PING lui-même ne déroge pas à la règle. Quand il déclare que son échec à la tête de l'UA, en 2011 se justifie par le fait qu'il n'ait pas bénéficié du soutien total des autorités gabonaises, il met en avant non seulement son échec à la tête de l'UA, mais aussi il évoques des raisons purement personnelles. Ce qui indique qu'il serait lui aussi mécontent. D'où d'ailleurs son positionnement actuel.

Autant dire que Jean PING n'est pas totalement un opposant, mais un mécontent. Ce qui ne relance pas un débat politique véritable dans notre pays.

Sa déclaration n'a laissé entendre aucun projet de développement. Il n'a fait ressortir que des raisons qui causent aujourd'hui sa frustration personnelle contre le pouvoir en place.

Question: va-t-il proposer aux gabonais de se retourner contre le pouvoir ou bien il s'agira de proposer un projet de développement aux gabonais? A chacun d'en faire une évaluation à toutes fins utiles.